- winds of change. (libre)

and if you're still breathing, you're the lucky ones. 'cause most of us are heaving through corrupted lungs, setting fire to our insides for fun. ♫ daughter, youth.

T'es revenue dans la ville qui t'a vue grandir jusqu'à maintenant il y a peu. Toi qui n'a jamais vraiment apprécié Granger City, lorsque le choix du lieu de stage a été demandé, t'as envoyé ta candidature sans l'hôpital de la ville et celle-ci a été acceptée. Tu ne sais pas trop pourquoi tu veux y retourner. Car la dernière fois que tu t'y es rendue, tu as dû abandonner ton meilleur ami, cet homme avec qui tu as commencé une relation avant de tout briser. Ta tête te dit de rester loin de cette ville, mais ton coeur dit tout le contraire. T'as fini par y poser les pieds. La boule au ventre. Car t'as peur Kyra. T'as peur de retomber sur lui. Tu ne sais pas comment tu réagiras. Tu sais que t'as tout brisé en le quittant de la sorte. Votre amitié. Votre amour. Surtout son coeur. T'évites pour le moment de sortir trop dans la rue, de peur de le croiser. Pourtant aujourd'hui, tu décides de te rendre d'un pas décisif vers le petit café de la ville, celui où aviez l'habitude de vous rendre pour boire un chocolat chaud lorsque le froid venait à s'installer en ville. Tu fais la file comme tout le monde, attendant ton tour. « Un chocolat chaud et un cinnamon rolls s'il vous plaît », demandes-tu avec un doux sourire affiché sur les lèvres. En attendant ta commande de l'autre côté du comptoir, tu remarques que la personne juste avant toi - et déjà installée - a oublié son téléphone. Tu attrapes ton plateau ainsi que le téléphone que tu déposes dessus. Arrivée devant la personne, tu lui tends le téléphone. « Excusez-moi, vous avez oublié ceci ! »

Ça faisait peu de temps que t’étais réveillée, après avoir dormi pas moins de quatre ans. Un coma dans lequel t’étais tombé à cause d’un accident de voiture, un accident dont tu ne te souvenais que très peu, ça venait par bribes et ça s’arrêtait là. Tu restais continuellement dans le flou et c’était compliqué pour toi d’avancer. La première fois que tu avais pu sortir de l’hôpital t’avait eu l’impression d’être à une autre époque, après tout en quatre ans, les choses avaient eu le temps de changer, y a que toi qui était restée dans le passé. Tu repensais à ta meilleure amie qui avait perdu la vie ce soir-là. Ça faisait plus de quatre ans qu’elle était décédée et toi, tu venais seulement maintenant devant sa tombe pour lui rapporter des fleurs. T'es revenue dans la ville qui t'a vue grandir jusqu'à maintenant il y a peu. Tout cela te faisait tellement bizarre, tu n’imaginais plus la vie sans elle ni sans tous les autres d’ailleurs, dont ton fiancé qui avait dû refaire sa vie depuis. Tu ne l’avais pas recroisé depuis que tu étais sortie de l’hôpital, tu passais tes journées à tenter de ressasser cet événement, de te demander si cela ne pouvait pas se passer autrement. T’avais ton appartement qui avait été reloué et t’étais revenue habiter avec tes parents, disons que tu t’étais réconciliée avec eux sans avoir besoin de parler. Ils t’avaient offert de nouveau ce toit dans lequel t’avait toujours vécu, que t’avais quitté pour diverses raisons, mais apparemment tous les chemins mènent à leur maison, à la tienne donc. T’as envie de sortir aujourd’hui, c’est pour ça que tu vas jusqu’au café de la ville où t’entends les gens chuchoter après ton passage par la porte d’entrée. Tout le monde ici sait que t’es « la fille Wellington qui s’est réveillée de son coma », on pourrait même t’appeler Aurore que ça ne t’étonnerait même pas. Tu viens ici pour prendre un café, pour bouquiner. Tu viens commander et tu vas t’asseoir dans le fond du café pour être tranquille, mais comme t’as la tête ailleurs, t’en oublie ton téléphone au comptoir. Téléphone que tu évites de regarder pour ne pas avoir ton cœur brisé à chaque fois que tu regardes les photos qu’il contient. Au moment-où, tu commences à ouvrir ton livre et commencer à lire, tu entends une voix et tu relèves la tête. C’est une jeune fille d’une vingtaine d’années, tu dirais, qui se trouve face à toi et te tends le téléphone que t’as oublié. Tu affiches un sourire avant de prendre l’objet qu’elle te tend et de la remercier. Oh merci beaucoup, j’ai la tête ailleurs en ce moment. Justement, au même moment, tu reçois un message ce qui fait que ton écran s’éclaire sur la photo de ton fiancé et toi, souriants, vous étiez tellement heureux à cette période, d’ailleurs une larme vient se nicher au coin de ton œil et tu tentes par tous les moyens de la faire disparaître.

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and if you're still breathing, you're the lucky ones. 'cause most of us are heaving through corrupted lungs, setting fire to our insides for fun. ♫ daughter, youth.

T’as jamais été quelqu’un avec un mauvais fond Kyra. Tu sais très bien pourtant que t’es une fiche assez franche, qui ne mâche pas ses mots et qui ne tourne pas sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler. Mais ça ne fait pas de toi quelqu’un de mauvais. Bien du contraire. T’es compatissante et surtout, amicale. T’as pas peur d’aller vers les autres, de faire connaissance avec des gens qui te sont totalement inconnus. Et des endroits comme le Rodger Coffee, tu aimes t’y rendre. Tant pour regarder les gens, que pour faire peut-être de nouvelles connaissances. Vous aviez l’habitude d’y aller avec Harry, avant que tu ne partes pour la capitale. Vous pouviez passer des heures à regarder les passants et imaginer leur vie. À commander des sucreries et des cafés pour tenir lorsque vous venez pour étudier. Mais tout ça, c’est derrière toi Kyra. T’as décidé de partir. De tout plaquer. Même ta relation naissante que tu avais avec ton meilleur ami pour partir loin de Granger City. Mais t’es revenue Kyra. T’es de retour. Et le Rodger Coffee est le premier endroit où tu te rends depuis que t’as remis le pied ici. Comme si tu espérais le voir. Mais aucune trace de lui. Ça ne t’empêche pas de passer commander pour autant, dans l’idée d’aller te poser un peu. Tes yeux s’attardent sur un téléphone portable. T’as rapidement repéré à qui il était Kyra et gentiment, tu t’approches de la jeune femme avec un doux sourire aux lèvres. Tu lui tends l’appareil. Son visage te dit vaguement quelque chose. « Ça arrive, vous en faites pas ! » Tu ne veux pas la déranger plus longtemps. Mais subitement, tu remarques que quelque chose ne va pas. « Je -- vous allez bien ? » Lui demandes-tu, un brin curieuse et tracassée. Tu ne veux pas être impolie, mais tu attends sa réponse, toujours debout face à la table avec ton plateau en main.

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