promesses (noémie)

Les mots lâchés dans l'air chaud du bar tandis que Calix arrive pour remplir les verres. On parle d'une fête à quelques rues d'ici, chez un étudiant. Calix n'y prête pas attention. En plein service, il ne se laisse pas distraire par ce que sa vie aurait pu être. Il aurait aimé être à la place de ces jeunes et s'extasier à l'idée de rejoindre une fête pas loin, mais non, il est coincé entre ces quatre murs et doit servir toutes les personnes présentes. La demoiselle qui l'aidait avec le service vient de terminer son shift et a rejoint ses amis à l'entrée du Jack & Jack. Une cinquantaine de minutes plus tard et le bar se vide petit à petit, on ne trouve plus que des adultes noyant leur tristesse dans l'alcool ou des amis en plein amusement. Bizarrement, Calix ne se sent pas à sa place. Il aimerait, Ô Dieu ce qu'il aimerait être au part. Que ce soit dans son appartement ou dans les rues de Granger City. L'air chaud du bar l'étouffe, les rires l'assourdissent et ses jambes le heurtent. Une pause, c'est ce dont il a besoin, mais il ne se le permet pas. Ce n'est qu'à la fin de son service et lorsque son collègue arrive qu'il abandonne le bar pour aller dans les vestiaires et changer son t-shirt pour en mettre un autre. Habillé d'un t-shirt blanc, d'un jeans noir et d'une veste par dessus cela, il quitte le Jack & Jack et s'arrête après quelques secondes lorsque son téléphone vibre dans sa misérable poche. Une invitation. On sent que son colocataire a déjà assez bu, l'orthographe du message en ferait saigné plus d'un et c'est ce que Calix répond sans s'avancer sur le sujet. Quelques minutes après, il se retrouve devant une porte. La musique vient briser le silence de Granger City. Amusé, mais surtout fatigué, le brun sourit et franchit les portes de l'habitation. Il lui faut peu de temps pour se rendre dans la cuisine, se servir à boire et rejoindre ses amis au salon, ceux-ci ayant précisé leur position grâce aux messages quelques secondes plus tôt d'un "ns somes au salooooon vieenss". Arrivé près d'eux, il claque une bise au fille et tape sur l'épaule de son colocataire. Il les voit déjà assez alcoolisé et décide de vider son verre d'une traite pour les rejoindre dans l'euphorie. Seulement, le brun s'arrête net lorsque ses prunelles s'arrêtent sur une silhouette qu'il connaît par coeur. Il a envie de recracher tout le liquide ingurgité lorsqu'il se rend compte de la proximité que la belle a avec cet inconnu. Ou peut-être est-ce un ami ? Calix n'en sait rien. Mâchoire serrée, il serre son verre et les observe danser pendant un certain temps, ne laissant pas échapper un seul mot. Elle est proche de lui, colle son corps contre le sien, s'approche de son oreille sûrement pour lui murmurer certaines choses, puis de ces lèvres comme si elle allait s'en délecter. Il ne se sent pas bien face à ce spectacle. Une rage inconnue le torture et il décide d'y mettre fin en s'approchant des deux silhouettes dansantes. Main posée sur l'épaule de la belle, il plonge son regard dans le sien avant de regarder encore plus mal son compagnon de danse. Son visage ne lui revient pas, il a envie de le cogner. Il se reconcentre sur la belle Noémie et siffle, surpasse même le son de la musique pour être sûre qu'il se fasse bien entendre. Viens avec moi. Sa main dans la sienne, il ne lui laisse pas le choix et l'emporte avec elle dans un coin plus calme.

La journée a été on ne peut plus épuisante pour la demoiselle. Exténuée la veille au soir, la jeune Wardell a oublié d'actionner son réveil. Ses paupières se sont ouvertes suite aux cris de Kloé qui, il semblerait, ait manqué de réflexes elle aussi. Petit déjeuner exclu, elle a du réaliser une préparation express avant de se rendre en stage à l'hôpital du coin. Par chance, ce dernier se trouve plus proche de la colocation qu'elle venait tout juste de rejoindre, que du domicile de ses parents. Quelques minutes plus tard, la voilà en train d'arpenter les couloirs d'un pas vif et déterminé. Elle se débat avec sa crinière afin de la nouer en une queue de cheval disgracieuse, pince coincée entres les lèvres. Elle tente d'esquiver un sourire à ses ponctuels collègues et lâche prise par la même occasion. Un juron s'échappe à son tour, lorsqu'elle se baisse pour ramasser son accessoire qui trouve enfin refuge sur le sommet de son crâne. Ça y est, la journée peut enfin commencer ! La vie est loin d'être un fleuve tranquille et il semblerait que le karma ne joue en sa faveur. Des patients qui décident de n'en faire qu'à leur tête, des complications chez certains pendant que d'autres se sont concertés pour lui faire payer son retard, c'est certain ! Noémie ne sait plus où donner de la tête. Elle vient à être confrontée à un premier décès du moins, le premier dans ce service qu'elle n'occupe que depuis quelques jours. Drame quand elle prend conscience qu'elle s'était beaucoup attachée à cette vieille dame en fin de vie. Plus le temps passe et plus elle se rend compte que son métier est aussi beau que difficile. C'est la boule au ventre qu'elle gagne le hall d'entrée après douze heures de travail dont quinze minutes de pause à quinze heures pour dîner. Un de ses camarades de classe l'interpelle afin de l'inviter à une soirée. Apparemment, ça serait la soirée à ne pas manquer pour marquer cette fin d'année. Dans un premier temps, Noémie décline en expliquant qu'elle a passé une journée de merde et que le mieux qu'elle puisse faire, c'est retrouver son lit et rejoindre Morphée. Elle sort de la clinique, réajuste son sac sur son épaule et passe devant un restaurant asiatique. Forcément, elle ne peut s'empêcher de s'arrêter pour commander des nouilles avant de repartir vers son appartement. Elle s'enfile son bol en deux-deux devant un épisode d'une série complètement conne trouvée sur Netflix. Et là, c'est le déclic ! Quelle soirée de merde! suivi d'un Je ne peux tout de même pas rester mon cul sur ce canap alors que tout le monde s'amuse à l'extérieur ! Nouveau passage, cette fois-ci plus appliqué, par la salle de bain. Heureusement, Kloé n'est pas encore rentrée. Elle peut donc se permettre de passer plusieurs heures devant la glace pour peaufiner son make-up. Après, c'est une bonne heure -voire même deux- qu'elle reste devant le miroir de sa chambre pour choisir la tenue parfaite. Celle-ci semble être une robe bustier noire pour ensuite se transformer en crop top en satin blanc... Finalement, c'est le petit haut en simili-cuir qui remporte la victoire. Celui-ci donne une touche de pep's à la simplifié de son maquillage. Mascara, liner, des lèvres rosées, légèrement brillantes. Elle l'accompagne d'un short en jean basique, peut-être un peu trop court et comme elle n'a pas envie de se faire chier, c'est une paire de baskets Nike qu'elle choisit pour compléter la tenue. Sa crinière en bataille lui donne un côté sexy, celui-ci est souligné par les pièces choisies, qui marquent ses courbes à la perfection. C'est assez, sans pour autant en faire trop. Là voilà enfin prête à rejoindre son ami de promo. L'instant d'après, Noémie se retrouve en train d'enchaîner les verres d'alcool parce que la soirée n'est pas aussi extraordinaire que ce qu'on lui a vendu. En plus, son ami vient tout juste de se faire larguer par sa petite-amie et cette dernière a décidé de se pointer comme une rose au milieu de la fête. En bonne copine, la jolie brune entraîne le garçon au beau milieu du salon afin de se déhancher à ses côtés au rythme de la musique qui étouffe les dires de chacun. Nono, elle en fait un peu trop mais, il a l'air dans le mal et elle déteste le voir comme ça. Il faut faire comprendre à cette fille qu'elle a pris la pire décision de sa vie en se comportant comme une pétasse. Elle se rapproche toujours plus, rit trop fort. L'alcool aide à ses talents d'actrice. Elle passe la main dans ses cheveux, rapproche ses lèvres des siennes après lui avoir murmurer quelques mots à l'oreille, des informations pour pas qu'ils se fassent griller. Et là, le spectacle est interrompu par une main qui vient se glisser sur son épaule. Lorsqu'elle se retourne, elle pense un instant se prendre une bonne gifle de la part de l'ex petite-amie. Surprise lorsqu'elle se retrouve face à face avec Calix ! Forcément, un large sourire se dessine sur ses lèvres malgré les traits durs du jeune homme. Noémie, elle est hyper contente de le voir. Elle ne s'attendait pas à le croiser ce soir. Il regarde méchamment son ami. Elle entrouvre les lèvres afin de lui présenter or, il lui ordonne de la suivre entre temps, agrippant sa main pour ne pas lui laisser le choix. La demoiselle prend le risque de se retourner pour adresser un clin d'oeil à son pote avant de slalomer difficilement entre les invités. Wah, il faudra qu'elle lui dise à Calix, qu'elle a un petit peu bu et qu'il est compliqué pour elle de suivre le rythme. Quoiqu'il en soit, lorsqu'ils se retrouvent dans un coin plus calme, en tête à tête, elle ne peut s'empêcher de le dévisager de haut en bas. Je m'attendais pas à te voir ce soir. Si j'avais su, j'aurais pas pris le risque de dépareiller mes sous-vêtements... Un peu ivre, Noémie ne peut s'empêcher de prendre la situation à la rigolade. Ses doigts jouent avec le t-shirt du jeune homme. Elle semble on ne peut plus euphorique ce soir, bien loin du mood de Calix.

Calix a toujours été très jaloux. Petit, il jalousait ses grands-frères et sœurs. Puis, plus tard, les cadets de la famille. Il jalousait cet amour qu’eux avaient, les choses qu’ils possédaient. Cette jalousie est devenue plus accrue lorsque son père a trouvé à les remplacer et lorsqu’il a pensé n’être qu’un enfant de plus. Calix ne supporte pas d’être pris pour un être inférieur, d’être de la norme, de ne pas être spécial aux yeux de quelqu’un. Calix désire tout ce que le monde a à lui offrir et jalouse tout ce qu’il n’a pas. Alors, lorsqu’il voit ce gars posé ses mains sur Noémie, il voit rouge. Parce que lui ne peut pas poser ses mains sur elle en ce moment précis, parce que ce gars a quelque chose que Cal ne possède pas à ce moment précis. La rage au cœur, ils s’approchent en ayant qu’un seul but : éloigner cet idiot de la princesse, peu importe la façon de s’y prendre. Heureusement, cette tâche ne s’annonce pas si compliquée que prévue et le gamine se laisse emporter loin de cet imbécile. Encore embrouillé avec ses propres nerfs, il ne fait même pas attention à ce qu’elle lui dit. Il ne capte que les derniers mots ; sous-vêtements. Comment peut-elle lui parler de ses dessous alors qu’elle dansait collé à un mec quelques secondes plus tôt ? Les sourcils froncés, Cal lâche dans l’air, l’ayant mauvaise. « T’aurais pu te préparer pour cet autre. Vous aviez l’air assez proche pour qu’il puisse découvrir tes sous-vêtements. » Mots crachés dans cet espace plus calme, le brun détourne le regard. Il n’arrive pas à encaisser le fait qu’elle puisse appartenir à un autre si facilement. Mais il ne peut la faire sienne, Noémie est un oisillon qui est libre d’aller faire son nid où elle désire. « C’était qui, lui ? » Prononcé sur un ton menaçant, doigt pointant une porte fermée tandis que derrière ce morceau de bois, la musique vibre encore.

Demoiselle qui se déhanche au rythme de la musique. Elle divague, bouge la tête et ferme les yeux pour profiter du son qui résonne dans ses oreilles. Elle s'approche, un peu trop près, de cet ami en train de faire son deuil. Deuil d'une relation qui se termine entre lui et sa dulcinée. Pauvre fille sortit tout droit d'un film. Pétasse qui rigole avec ses copines et flirte avec le premier venu. Elle entortille ses cheveux autour de son doigt, verre d'alcool dans sa main libre. Noémie, en bonne amie, tente de remonter le moral de son collègue. Jeu qui lui attire plus de problèmes que ce à quoi elle s'attendait. Calix qui débarque pour l'attirer un peu plus loin, sans lui laisser le temps de faire les présentations. Elle abdique, elle le suit, sans broncher. Arrivée à destination, la gamine sourit. L'euphorie de la soirée a eu raison d'elle. Ses doigts jouent avec le t-shirt du jeune homme. Elle vient à parler de ses sous-vêtements sous le regard noir de Calix qui prend la mouche sans même lui prêter la moindre attention. Le sourire de la demoiselle s'agrandit alors qu'elle chuchote à mi-mot : Est-ce que tu serais jaloux ? Noémie, elle trouve ça mignon. Beaucoup trop mignon. Elle bat des cils en essayant de capter son attention et lui, il pointe du doigt la porte close. Elle pourrait jouer les innocentes, faire l'idiote en lui expliquant qu'il n'y a personne d'autres dans la pièce mais, elle se ravise. Il s'appelle Nils! Elle tente le tout pour le tout en s'approchant davantage de lui. Elle veut capter son regard, sentir son coeur battre un peu plus fort lorsqu'il aura désiré qu'elle n'a rien fait de mal et qu'elle est belle ce soir. Mais la partie semble compliquée alors, tout en soupirant, elle rajoute : C'est qu'un ami. Il bosse avec moi. Elle roule des yeux. C'est complètement absurde. Pour elle, c'est de la logique. Il ne s'est jamais rien passé avec le type et il ne se passera jamais rien. Fin de la discussion. Sauf que aux vues du caractère de Calix, ça sera plus complexe.

Est-ce que tu serais jaloux ? La mâchoire se serre parce qu'il n'a rien à répondre et qu'elle a raisons. Oui, il est jaloux. Terriblement jaloux. Il aurait préféré entouré ses mains autour de sa taille, danser avec elle et lui murmurer que c'était la plus belle. Sauf qu'à la place, il a vu ce gars le faire et Ô ce qu'il peut être jaloux. Spectacle qui lui a brûlé les yeux et qui a fait vibrer son coeur de la mauvaise façon. Calix n'a pas un tempérament agressif, mais Dieu ce qu'il n'aime pas qu'on touche à ce qui est sien. Arrête avec tes conneries. Il détourne le regard, lève les yeux au ciel pour apercevoir le plafond. Il reste quelques minutes ainsi parce qu'il refuse de voir son regard de gagnante et son sourire, comme si elle lui disait qu'elle avait gagné une bataille. Hors, elle n'a fait que le rendre en colère là où il aurait aimé passer une soirée tranquille. Noémie est une bombe et Calix est l'inconscient qui vient s'y frotter comme si elle n'allait jamais exploser. Elle est dangereuse. Lorsqu'elle lui dit que c'est un ami, le brun roule des yeux. C'est toujours des amis. Pire excuse qu'il puisse entendre, il replonge son regard dans le sien et lance. Bien. La prochaine fois, je me frotterai aussi à mes amies. On sent dans le ton que sa voix qu'il est en colère et toujours jaloux, que ces excuses n'ont servis à rien. Il a l'impression d'être un gamin qui ne veut pas partager sa voiturette : et c'est le cas. Il ne peut pas partager sa Noémie. Tu devrais retourner avec Nils, il risque de s'inquiéter. Une énième pique lancée en sachant très bien qu'elle saura quoi répondre et qu'elle n'est pas en tort. Presque convaincu, il continue de jouer le jeu du mec jaloux.

Calix est jaloux bien qu'il prétende le contraire comme si cette affirmation était absurde. Il l'est et elle le sait pertinemment Noémie. Est-ce qu'elle en joue ? Peut-être un peu. Elle souhaite juste tester ses limites, savoir jusqu'où elle peut aller avant qu'elle ne réussisse de le mettre hors de lui. Elle aime savoir qu'elle compte assez pour lui pour qu'il se soucie de son sort et des gens qu'elle fréquente. Alors s'il trouve cela on ne peut plus agaçant elle, ça l'amuse. Elle sourit bêtement comme une gamine qui aurait gagné une partie. Oh pardon! Je retire ce que j'ai dit! T'en as rien à foutre de ce que je fais et avec qui. Elle secoue la tête pour appuyer ses propos. Ils savent tous deux que ce qu'elle raconte est totalement faux. Quelque part, la gamine aimerait qu'il lui balance quelque chose de gentil, même inconsciemment. Un truc tout doux, un truc tout mignon qui lui prouve qu'ils comptent un minimum l'un pour l'autre. Au lieu de ça, il lui explique que la prochaine fois, il fera pareil et elle sert les dents pour ne pas lui crier dessus. Elle le laisse parler, boit ses paroles. Calix l'invite à rejoindre son ami et pendant un court instant, la demoiselle reste silencieuse. C'est un collègue. Je bosse avec. Il s'est fait largué par sa copine, elle est à cette soirée et je voulais juste lui rendre service. Il essayait de la faire réagir parce qu'elle a ramené un connard avec elle. De nouveau, Noémie s'explique. Elle se justifie par rapport à son comportement pas très catholique. Elle tente de lui prouver que ce n'était pas volontaire et elle ne lui ferait jamais un coup pareil. Rien que le fait de savoir qu'il était dans les parages l'aurait freiné. Elle se masse les tempes quelques secondes, incapable de prendre une décision. Est-ce qu'elle doit le laisser en tête à tête avec lui-même ou est-ce qu'elle doit se battre pour lui faire entendre raison ? Elle ne lui appartient pas après tout et si c'est ce qu'il souhaite alors, il n'a qu'à être plus clair sur ses intentions. Elle finit par tourner les talons mais, elle s'arrête en chemin pour lui donner quelques informations :  Oh et, juste pour info. La prochaine fois, croise les doigts pour que je ne sois pas là ou que la meuf que tu choisisses soit assez costaud pour encaisser les coups parce que le truc, c'est que je suis du genre très possessive. Elle hausse les épaules d'un air on ne peut innocent. Si elle n'est pas violente physiquement, Noémie a de la répartie et elle déteste se faire prendre pour une conne. Au moins elle, elle a le mérite d'assumer qu'elle est jalouse et qu'elle tient assez à Calix pour ne pas le partager. Main sur la poignée de la porte, elle s'apprête à regagner l'ambiance festive de la soirée qui lui donne déjà mal au crâne. Un nouveau verre lui fera le plus grand bien.