(noémie) ah shit here we go again

noémie pensait que travailler à l'hôpital lui apporterait des avantages. certes, elle n'est que stagiaire mais l'année prochaine, elle comptera parmi l'effectif alors, on pourrait lui donner un petit aperçu des privilèges qu'on a, à bosser dans le milieu médical. il semblerait qu'on ait décidé de la faire chier aujourd'hui parce qu'on l'a fait attendre pour sa prise de sang. on lui a également demandé de patienter pour sa radio du poignet. et maintenant, se sont pour les résultats. journée pourrie jusqu'au bout. pourtant, elle était partie avec l'espoir d'être débarrasser. check-up complet, petite radio par rapport à l'accident qui s'était déroulé la veille en sortant du travail, lorsqu'elle a décidé de tester ses capacités d'équilibre en grimpant sur une planche de skate après des années d'abstention. bref, tout cela partait d'une bonne attention. quoiqu'il en soit, elle se retrouvait donc à attendre dans la salle comme tous les autres patients et visiteurs de la ville. regard perdu sur le portable jusqu'à ce que sa batterie la lâche, elle se retrouve à contempler les murs immaculés qui n'ont jamais été plus blancs qu'en ce jour. elle soupire, agace ses voisins parce que trop impatiente. finalement, une jeune femme arrive en béquilles. nono la voit galérer. plus de places assises. elle attend quelques instants. elle se dit qu'une maman va bien prendre un de ses enfants sur ses genoux. c'est le minimum pour s'excuser auprès de la clientèle parce que les autres mioches sont en train de courir et crier dans tous les sens. mais non, personne ne se bouge. dans quelle société vivons nous ?! exaspérée, elle soupire un peu plus fort avant de se lever brusquement. elle indique la place à la jolie blonde en esquivant un petit sourire compatissant. et ouais ma poule, on est tous dans la merde !

rien n'est simple dans la vie. tout semble beaucoup trop compliqué. noémie n'a jamais manqué de rien. elle vient d'une petite famille originaire du coin. elle vient d'une famille traditionnelle. elle a des parents, deux frères aînés, un chien. elle a à peine quitter le domicile familial afin de rejoindre une colocation et de pouvoir voler de ses propres ailes. certes, ses parents l'ont souvent couvé. ses frères l'ont souvent défendu. c'est une petite princesse mais, elle garde les pieds sur terre. elle n'a pas d'avantages particuliers. elle n'est pas riche au point de pouvoir claquer des doigts et obtenir ce qu'elle désire dans la minute qui suit. en réalité, elle ne sait même pas si ce mode de vie lui conviendrait. noémie, c'est le genre de filles qui aime se battre pour obtenir de qu'elle souhaite. au moins, elle en tire du mérite. bon, sauf aujourd'hui. aujourd'hui, elle aimerait bien que ses études jouent sur la situation et qu'elle puisse passer devant tout le monde. elle est a deux doigts de s'occuper des petits cas présents dans la salle d'attente parce qu'on ne va pas se mentir, comme d'habitude, il y en a qui sont présents sur les lieux pour... rien. à croire que l'hôpital est devenu le lieu de rendez-vous de chaque bobo. la demoiselle commence à avoir mal au crâne. faut dire que les enfants s'impatientent autant qu'elle mais sont eux, incapables de se contenir. alors, ils courent dans tous les sens, rient aux éclats, crient sur leur frère ou leur soeur et pleurent après de maman. la demoiselle en vient à se masser les tempes un court instant avant de se lever de son siège pour faire de la place à une nouvelle arrivante. elle aimerait crier : un peu de savoir vivre bordel! cette pauvre fille est en béquilles! mais, elle se contient et esquive un sourire pour lui montrer que cela ne la dérange pas. elle s'installe debout, contre le mur en acquiesçant d'un geste de la tête. elle regarde un instant autour d'elles avant de reporter son attention sur la nouvelle venue. assez longtemps pour avoir envie d'égorger chaque enfant présent dans cette pièce de ma main valide. elle rigole légèrement mais, c'est bel et bien le cas. qu'est-ce qu'il vous est arrivé ? si ce n'est pas trop indiscret. noémie ou l'art de initier dans la vie des gens alors qu'on ne l'y attend pas. autant faire passer le temps et poursuivre la conversation.

noémie a l'impression que ça fait des heures qu'elle est coincée ici. ce n'est pas loin d'être le cas. elle a voulu jouer les gosses immatures et irresponsables et cela ne lui a pas réussi. c'était prévisible. aujourd'hui, elle en paye le prix. elle cède sa place à une jolie blonde en béquilles. portable coincé de nouveau dans la poche de son jeans, elle observe la salle d'attente avec attention. tout ce qu'elle remarque, c'est les enfants, bruyants qui courent partout et s'exclament trop fort. c'est d'ailleurs ce qu'elle fait remarqué à la parfaite inconnue, en rigolant pour ne pas passer pour une vieille mégère. et elle lui explique que quelques minutes plus tard, elle lui prêtera main forte et noémie ne peut s'empêcher d'esquiver un petit sourire. je vais peut-être attendre encore un peu dans ce cas. elle hausse les épaules et soupire légèrement suite à un manque de patience évident. après un court instant de silence, elle se risque à lui poser la question. elle lui demande ce qu'il s'est passé pour elle et la demoiselle lui offre une véritable réponse. dans d'autres circonstances, elle aurait surement rigolé, noémie. moi, j'ai fait ma maligne. j'ai voulu grimpé sur un skate et je me suis également ramassée de tout mon long sur le bitume. mon poignet a pris cher. elle grimace légèrement parce que c'est ridicule mais, marrant malgré tout. d'ailleurs, en repensant à la scène, la petite brune sourit. la demoiselle se présente. elle se nomme leo. nono se demande si c'est un diminutif ou si elle se nomme réellement ainsi. quoiqu'il en soit, elle lui tient sa main valide pour se présenter à son tour : enchantée leo. moi c'est noémie. finalement, l'attente parait légèrement moins chiante depuis la venue de la petite blonde.